Dans ces pays, on roule à gauche

La conduite à gauche est une norme historique

Ce n'est pas seulement au Moyen Âge, mais déjà dans l'Antiquité, que le côté gauche de la route était "le bon". On conduisait son cheval, et donc aussi la charrette tirée, du côté gauche. Cela s'expliquait alors par des raisons pratiques : La plupart des gens sont droitiers et l'on pouvait ainsi tenir l'épée face à un ennemi avec la main droite libre. Il y avait également une raison similaire en mer : le gouvernail était actionné avec la main droite, plus forte, et le timonier était donc assis le dos tourné vers la gauche. Les navires arrivant en sens inverse étaient donc beaucoup plus visibles à droite.

Le grand tournant vers la navigation à droite est parti de la France à l'époque de la Révolution française (fin du 18e siècle) et a été poussé en particulier par Napoléon Bonaparte. Lors de ses campagnes militaires, il a introduit la circulation à droite dans de nombreux pays conquis.

Ce ne sont donc pas les Britanniques qui veulent imposer la conduite à gauche au monde, mais les Français qui ont étendu la conduite à droite dans leurs nombreuses colonies.

Différences en voiture

Le volant n'est pas le seul élément à changer de côté dans la conduite à gauche. C'est surtout le changement de vitesse, qui se trouve désormais à gauche, qui pose problème. Ceux qui ont utilisé le levier de vitesse de la main droite pendant des années doivent désormais apprendre à enclencher les vitesses de la main gauche et se perdent souvent dans les positions de changement de vitesse. Les leviers des essuie-glaces et des clignotants sont également inversés. En revanche, les différentes pédales ne sont pas inversées. La pédale d'accélérateur est toujours à droite, et les freins et l'embrayage ont toujours la même disposition.

Les choses se compliquent à nouveau avec la règle routière "la droite avant la gauche" : Dans les pays où l'on roule à gauche, cette règle s'inverse souvent, comme on pouvait s'y attendre. Il s'agit donc de "la gauche avant la droite" - mais cela n'est pas valable dans tous les pays.

La conduite à gauche comme aspect de sécurité

Les chercheurs en sécurité préconisent souvent la conduite à gauche, précisément en raison de la main qui conduit. Si l'on change de vitesse avec la main droite, la main gauche, généralement plus faible, est seule au volant à ce moment-là. Il en résulte que la conduite à droite serait un peu moins sûre. Si l'on examine de plus près les statistiques des dix dernières années concernant les décès sur la route, cette opinion est confirmée, même si les différences sont minimes. Dans tous les pays où la circulation se fait à gauche, le taux de mortalité annuel est de 16,19 morts pour 100 000 habitants. Dans les pays où la circulation se fait à droite, le taux de mortalité était de 17,63.

Un changement est coûteux

Lorsqu'un pays passe d'une direction à l'autre, il ne s'accompagne pas seulement d'un changement de mentalité. Les coûts sont également énormes. Les feux de signalisation ne sont pas simplement inversés, ils doivent également être commutés différemment. Aux grands carrefours, toutes les voies de circulation doivent être repensées et marquées. Même les places de parking qui sont en biais par rapport au sens de la circulation doivent désormais être inversées. Les tramways ne peuvent pas simplement circuler en sens inverse, mais doivent recevoir un nouveau réseau dans de vastes zones. En Suède, cela a entraîné la fermeture de nombreuses lignes lorsque le pays est passé à la conduite à droite en 1967.

Enfin, les constructeurs automobiles doivent eux aussi s'adapter aux nouvelles réalités du pays. Les compagnies de bus qui faisaient monter et descendre leurs passagers d'un côté doivent désormais le faire de l'autre côté - où il n'y a pourtant pas de portes. De plus, afin d'adapter progressivement les véhicules au futur sens de circulation, des restrictions d'importation sont souvent imposées.

Les Samoa ont introduit la conduite à gauche "pour des raisons économiques" et malgré des protestations massives en 2009. Ce petit Etat insulaire du Pacifique Sud comptait à peine 180.000 habitants et il n'y avait même pas d'autoroutes à plusieurs voies pour les 18.000 voitures de l'époque. Le changement a coûté environ 200 millions d'euros, soit plus de deux tiers du produit intérieur brut.